Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
Bibliothèque de ressources historiques, culturelles, artistiques, litteraires, sportives…sur la canne et le bâton, en France et dans le monde…
CANNE AUX SERPENTS DE LA GRANDE GUERRE

Nous avons déjà évoqué dans d’autres articles les créations que réalisèrent certains poilus pendant la Grande Guerre et même après, en souvenir de ce conflit.
La canne que nous décrivons ici est caractéristique des productions que l’on trouve souvent. Certaines cannes « serpent » de cette époque n’ont cependant pas de lien clairement identifié et établi avec le premier conflit mondial.
Celle qui nous intéresse ici est longue de 90 centimètres ; elle représente deux serpents enroulés de part et d’autre d’un bâton. Il ne faut sans doute pas voir dans ces serpents une signification symbolique mais plutôt décorative, ce motif étant fréquent sur de nombreuses cannes dites « d’art populaire ».

Le soldat qui a réalisé cette canne y a gravé symboliquement sa volonté de ne pas oublier ce qu’il a vécu et ce qu’il a vu, et ce afin de se souvenir, comme en témoigne cette inscription laconique à valeur testimoniale : « Le Plessier Huleu – Souvenir de la guerre – 1914 – 1915 – 1916. »
La mention de « Le Plessier Huleu » est intéressante car elle évoque cette commune de l’Aisne, proche de Soissons, où de violents affrontements eurent lieux en 1918.

Au regard des dates mentionnées dans l’inscription, nous pouvons nous demander si ce soldat a réalisé cette canne à l’arrière des combats durant le conflit, et s’il a survécu à la funeste année 1916, marquée par les batailles de Verdun et de la Somme , qui firent, toutes nations confondues, près de 750 000 tués, blessés et disparus pour Verdun, et 1,2 million pour la Somme.

Ces cannes réalisées par les poilus sont plus que de simples objets du quotidien ou d’art populaire, comme le démontre Stéphane AUDOIN-ROUZEAU :
« En bref, pour un historien, ces objets sont bien une source, une source comme une autre. A dire vrai, une source qui dit parfois davantage qu’une autre. Mais plusieurs conditions doivent être alors réunies : ces objets de la Grande Guerre, il faut accepter de les regarder ; il faut savoir même les toucher, car le contact tactile avec eux constitue une expérience qui n’a rien d’anodin ; il faut surtout entendre ce qu’ils ont à nous dire et ne pas se contenter de leur jeter un bref regard sans prendre le temps de les voir vraiment. Alors, en historien, il devient possible de les interpréter de la même manière que le ferait un archéologue, de les analyser en profondeur, et ainsi d’avancer un pas plus loin dans la connaissance historique. Celle d’un des plus grands événements de notre époque contemporaine. » (Stéphane AUDOIN-ROUZEAU, in BARRABE Marc-Henri, MANON Philippe, THOMAS Yann : « Les 100 objets de la Grande Guerre », Orep éditions, préface p.3 (2015).

Article rédigé par Brix Pivard, que nous remercions :)

1 Comment to “CANNE AUX SERPENTS DE LA GRANDE GUERRE”

  1. Brix Pivard dit :

    J’adresse également un grand merci à Laurent Bastard et à Frédéric Morin. C’est toujours un plaisir de pourvoir partager des connaissances grâce au CRCB.

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