Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
Bibliothèque de ressources historiques, culturelles, artistiques, litteraires, sportives…sur la canne et le bâton, en France et dans le monde…
UNE FABRIQUE DE CANNES EXTRAVAGANTES

L’écrivain CHAMPFLEURY (Jules Husson, dit) (1821-1889) est l’auteur de « Grandes figures d’hier et d’aujourd’hui : Balzac, Gérard de Nerval, Wagner, Courbet », publié en 1861.

A propos du poète Gérard de Nerval (1808-1855), Champfleury nous raconte, p. 182-183, qu’il aimait s’encanailler aux barrières de Paris, où il était témoin de scènes bizarres qui activaient son imagination.
Il fréquentait notamment un cabaret qui était aussi une fabrique de cannes originales :

« Il y avait surtout sur le boulevard extérieur, entre la barrière des Martyrs et la barrière Rochechouard, un singulier endroit qu’il affectionnait. C’était une petite boutique noire, dans laquelle on descendait et qui contenait plus de tonneaux que de buveurs. Le maître de la maison joignait à son commerce de boissons une fabrique de cannes extravagantes.

Celui qui est passé par là et qui n’a pas vu la boutique n’a pas d’yeux. A la montre sont les cannes les plus tourmentées de la création, en racines bizarres, contournées, pleines de noeuds et de bosses, dont la poignée représente des figures bizarres et fantastiques, avec des yeux d’émail enchassés dans le bois. La nature et l’art se sont prêtés à ces déviations.

Il faut avoir le cerveau bien sain pour se servir de ces cannes grimaçantes qui doivent communiquer rien que par le contact des pensées étranges. La ligne droite de la canne qu’un penseur agite ou promène sur le sable, contribue à activer la pensée : mais les serpents se repliant sur eux-mêmes, avec leur écorce sauvage, la langue frétillante dans la main, ne sont point des cannes d’homme raisonnable.

L’étalage du marchand de cannes donnait le vertige et détruisait toute espèce de notions historiques, quand un écriteau accroché au cou d’une de ces cannes monstrueuses et sauvages, annonçait qu’elle avait appartenu au maréchal de Richelieu. Autant aurait valu affirmer que l’élégant courtisan se servait d’un tomahawk à la cour ! »

Article rédigé par Laurent Bastard. Merci :)

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