Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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CANNES DE CONSCRITS ET CANNES DE COMPAGNONS


Certaines photos de la fin du XIXe siècle ou du début du XXe nous montrent des groupes de conscrits qui ressemblent parfois à s’y méprendre à des compagnons du tour de France. En effet, ils portent, enroulés autour de leur chapeau, de longs rubans colorés et ils tiennent (ou seulement l’un d’eux) une haute canne enrubannée. Tout comme le « rouleur » (maître des cérémonies) portait (et porte encore) une canne enrubannée, tandis que les compagnons de certains corps (charpentiers, couvreurs, plâtriers, tanneurs du Devoir, entre autres) arboraient leurs « couleurs » au chapeau.

En fait, une observation attentive permet de distinguer les deux groupes de jeunes gens : la canne des conscrits comporte en général une pomme beaucoup plus grosse et ronde que celle des compagnons et ressemble plutôt à celle d’un suisse ou d’un tambour-major, surtout si elle est en cuivre. Quant aux rubans, ils diffèrent de ceux des compagnons par leur accroche en flot épars, alors qu’un code précis règle l’enroulement des couleurs autour du chapeau des compagnons (hauteur des rubans, bords flottant à droite ou à gauche, manière de nouer les extrémités sur le chapeau, etc.).

Le compagnon maréchal-ferrant Abel BOYER, « Périgord Coeur Loyal », a signalé ce rapprochement dans ses Mémoires (« Le Tour de France d’un Compagnon du Devoir », 1947, 1975). Etant à Mus (Gard), en 1902, il a assisté à la fête organisée pour l’unique conscrit du village :

« Les dimanches précédents, nous avions fait la ronde par les villages d’alentour, Aigues-Vives, Codognan, hurlant à pleins poumons les vieux couplets toujours chéris que les marchands d’hommes avaient jadis mis en vogue pour égayer les étapes de leur bétail humain. Et, en tête, le plus déluré faisait tourner sa canne comme un vrai tambour-major;
Ces cannes de conscrits ressemblaient à s’y méprendre à nos cannes de Compagnons, sauf le pommeau qui était de métal et comme les nôtres agrémentées de pompons tricolores.
A l’exemple des Compagnons, les conscrits et élèves conscrits étaient encore plus enrubannés. De larges rubans épinglés à leurs chapeaux ou à leurs casquettes claquaient au vent et, diable, il fallait être bien indifférent pour ne pas sortir sur le pas de la porte et se refuser à jouir du vacarme et de la vue du cortège des gens de Mus et de leur conscrit. »

Les illustrations de cet article sont des détails de photos de conscrits de la fin du XIXe siècle et de 1920. Elles ne sont pas de très bonne qualité mais on distingue bien les cannes enrubannées et les rubans accrochés aux chapeaux.

Article rédigé par Laurent Bastard, merci :)

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