Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
Bibliothèque de ressources historiques, culturelles, artistiques, litteraires, sportives…sur la canne et le bâton, en France et dans le monde…
La canne du Tambour-Major impressionne Bonaparte !

Canne de tambour major

On trouve dans les romans d’Ernest CAPENDU (1826-1868) une belle description des mouvements de canne effectués par un tambour-major devant Bonaparte, alors premier consul. Le roman est intitulé La Mère l’étape et a été publié en feuilleton dans le magazine Le Passe temps en 1864 et 1865. Comme l’écrivain, qui connut pourtant un grand succès populaire de son vivant, ainsi que ses romans, sont bien oubliés aujourd’hui, voici l’occasion de donner connaissance de l’épisode de la canne :

« Entre ces tambours et ces sapeurs, dans cet espace vide, s’avançait un homme, un seul homme, mais quelle place il tenait à lui tout seul ! (…) Cet homme, c’était le tambour-major de la garde consulaire, le premier tambour-major de tous les tambours-majors de la France, le maréchal de la Canne.

Comme il était beau, mon Dieu ! Renversant son torse en arrière pour ne pas perdre une ligne de sa gigantesque taille, tendant le jarret, raidissant sa jambe que recouvrait une culotte de peau blanche illustrée d’arabesques, avançant un pied majestueux que chaussait une bottine de cuir fauve frangée d’or, la main gauche appuyée sur la ceinture tricolore et dorée qui serrait sa taille ; la tête recouverte d’un colbach dont les poils retombaient jusqu’au menton et qui dérobaient absolument la vue du visage, et le tout enfin surmonté d’une gerbe éblouissante de plumes et de panaches, à rendre jaloux un prince indien.
Le coude droit complètement en dehors, le bras arrondi comme le bois d’un arc et dans les mains une canne et quand je dis canne, c’est que le vocabulaire militaire se refuse à me prêter une autre expression.
C’était un petit arbre surmonté d’une pomme colossale et entouré de la base au sommet par une torsade de fil d’or grosse comme un câble de navire.

Cette canne, le tambour-major la maniait, la tournait, la lançait avec une majesté et une vigueur au-dessus de tout éloge.

En arrivant à vingt pas du premier Consul, le tambour-major se redressa encore et redoubla de moelleux et de grâce dans ses mouvements.
Lançant brusquement sa canne en ligne droite, il la rattrapa par le milieu.
Alors, lui imprimant un mouvement de rotation incroyable, successivement dans les deux sens, il la lança encore, mais cette fois avec une telle vigueur, que la canne monta dans les airs en tournoyant comme si elle eût été poussée par une catapulte.
Ce fut un cri général d’admiration et d’étonnement.
-Oh ! oh ! – dit le premier Consul en souriant. Qui donc est ce tambour-major qui lance sa canne à la hauteur des cheminées du Palais ? Tout le monde a le nez en l’air !… Ah ! parbleu ! je le reconnais ! – j’aurais dû m’en douter ! C’est Rossignolet, mon ancien tambour-maître de la 32e demi-brigade, mon casseur de lanternes ! »

Article rédigé par Laurent Bastard. Merci ;)

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