Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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LES CURIEUSES PROCESSIONS DE TARASCON

A Tarascon (Bouches-du-Rhône) se déroulaient depuis le XVe siècle au moins, à la Pentecôte, des processions plus ou moins burlesques autour du récit légendaire associé à la Tarasque, monstre mangeur de femmes. Le grand folkloriste Arnold VAN GENNEP, dans son Manuel de folklore français contemporain, tome II, cycles de mai, de la Saint-Jean, de l’été et de l’automne (1949, réédité en 1999 chez Robert Laffont, dans la collection Bouquins), a décrit (p. 2093-2094) les différents « jeux » organisés par les corporations de la ville, sous l’autorité de l’Abbé de la Jeunesse.Parmi ceux-ci figurent trois manifestations où interviennent directement des bâtons.

« 1° Jeu du cordeau. Cortège de paysans ou viticulteurs, en costume d’apparat. Chacun portait sur l’épaule un gros bâton à planter les ceps (biroun), un cordeau ou d’autres instruments de métier. (…) De distance en distance jusque dans l’église, avec le biroun et le cordeau, les acteurs faisaient semblant de planter la vigne dans le ruisseau de la rue. Tous se mettaient en rang avec leurs bâtons le long de la corde, qui était alors manoeuvrée de droite et de gauche de manière à fouetter les jambes des assistants, à les renverser, et même à les piétiner.
(…)

6° Jeu de saint Christophe. Organisé par les portefaix, dont il est le patron ; un homme habillé grotesquement, muni d’une longue barbe, tenait un long bâton à épines au bout, jambes nues, portait un petit enfant bien paré et cherchait à piquer tous ceux qui, dans la foule, avaient aussi les jambes nues.

7° Jeu de Notre-Dame-des-Pâtres. (…) Sur un âne ou une ânesse, on installait trois petits enfants, plus tard trois ou une jeune fille, bien parés. Des pâtres armés de bâtons les accompagnaient. L’un d’eux portait primitivement un pot plein de merde, ensuite remplacé par un pot d’huile de cade, puante, et, avec une plume, dessinait une moustache aux curieux qui admiraient les enfants (jeunes filles, etc.) ; cette farce a subsisté jusqu’à la fin du XIXe siècle.

Van Gennep signale aussi le Jeu de saint Sébastien, par la confrérie des archers. Ils portaient des petits bâtons surmontés d’un petit pain bénit ou tortillade, mais ils ne faisaient pas de farces au public.

On mettra en parallèle les pratiques des pâtres enduisant le visage des assistants de matières sales avec ce qui se pratiquait jadis à Failly (voir l’article : Le vilain jeu de bâton de Failly (Moselle).

Illustration : carte postale éditée au début du XXe siècle sur la procession de la Tarasque à Tarascon (source : Wikipédia).

Article rédigé par Laurent Bastard. Merci :)

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