Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
Bibliothèque de ressources historiques, culturelles, artistiques, litteraires, sportives…sur la canne et le bâton, en France et dans le monde…
LA BOSINA DES VACHERS PERUVIENS
Categories: Bâton comme outil

La revue « Le Tour du monde » a publié en 1883, sous la plume d’Ed. ANDRE, un récit de voyage intitulé « L’Amérique équinoxiale ». Ce voyageur a exploré l’Equateur, la Colombie et le Pérou en 1875 et 1876.
Au Pérou, il rapporte l’usage qui est fait d’un morceau de canne servant de sarbacane (voir l’article La sarbacane des Indiens d’Amazonie) aux vachers (p. 370).
Voici le récit de la découverte de cet instrument. Ed. André vient de tirer quelques perdrix pour son repas du soir, en compagnie du paysan qui l’accompagne.
« Je venais de lâcher mon coup de fusil, lorsqu’une balle siffla à mon oreille. En même temps j’entendis mon péon pousser une sorte de rugissement et articuler un formidable « caramba ! ».
Je me précipitai vers lui, craignant quelque ricochet fatal. Il n’en était rien. Mon homme avait eu plus de peur que de mal. Il tenait sa joue d’une main et me montrait de l’autre une boule de terre cuite qu’il venait de recevoir en pleine figure, et qui lui avait arraché cette exclamation de douleur. Au même instant apparaissait, débouchant sur notre sentier, un indigène assis sur l’arrière-train d’un âne et accompagnant un troupeau de boeufs. Il tenait à la main une sorte de tube long d’un mètre soixante, formé d’une canne de « cana brava » et d’un bout plus petit qui servait d’embouchure à cette « bodoquéra » primitive. Suivant l’usage de ces contrées, le vaquéro (vacher) se servait de cet instrument, nommé « bosina », en guise de fouet, pour ramener dans le rang, par une boulette lancée à propos, le boeuf qui tentait de s’en écarter.
C’était une de ces balles égarées que mon arriéro (muletier) avait reçue sur la joue. Prompt comme l’éclair, il sauta sur le maladroit bouvier, le jeta en bas de son âne, et lui brisa la bodoquéra sur la tête, à mon grand regret toutefois, car je dus rassembler les morceaux épars de cette sarbacane pour en prendre le croquis que je donne aujourd’hui. »
En somme, les bergers européens utilisaient une houlette pour jeter des mottes de terre aux moutons qui s’éloignaient et les vachers péruviens une sarbacane à boulettes d’argile pour les boeufs indisciplinés (voir les articles Bâton pour lancer des mottes de terre et Le bâton ou houlette de berger).

Quelqu’un peut-il nous donner une traduction du mot « bodoquéra », que les dictionnaires en ligne semblent ignorer ?

Article proposé par Laurent Bastard. Merci :)

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