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ENSEMBLES DE PETITS BÂTONS DE RYTHME PAR HUGO ZEMP

Voici un article trouvé sur le site persée.fr extrait de « Instruments de musique de Malaita (II). In: Journal de la Société des océanistes. N°34, Tome 28, 1972. pp. 7-48. – Hugo Zemp ».

« Instruments de musique de Malaita (II)

Les pages qui suivent sont la suite et la fin d’un article dont la première partie a paru dans le n° 30, mars 1970, pp. 31-53. La première partie situait le cadre géographique et culturel, discutait brièvement les termes malaitais pour « musique vocale » et « musique instrumentale », et décrivait ensuite les instruments groupés en deux catégories d’après Vemploi musical qu’en font les Malaitais : Percussions d’accompagnement et Instruments joués en solo. Cette seconde partie décrit la troisième catégorie, les Instruments joués en formation, discute Vétymologie des Noms des instruments de musique et examine enfin la Répartition géographique des instruments à Malaita.

INSTRUMENTS JOUÉS EN FORMATION
ENSEMBLES DE PETITS BÂTONS DE RYTHME

Les petits bâtons de rythme joués par une seule personne (cf. I, p. 42) peuvent aussi l’être par deux ou trois musiciens. Le nom reste le même : en ‘are’are et en kwarekwareo respectivement ‘au ni mako et ‘au ni wado, « bambou du sol », ou kiro et gilo. Chez les Kwaio, en plus du nom gilo ou giigilo, il existe celui de ‘au basiaxwa.

Chez les ‘Are’are, en général trois musiciens tiennent deux tuyaux dans chaque main (au lieu de quatre tuyaux dans le cas d’un seul joueur). L’ensemble comprend par conséquent douze tuyaux. Chacun des trois musiciens joue dans l’ensemble polyphonique une partie qui porte un nom : ke’etou, aarita’i et hoo (les deux derniers noms désignent également des voix dans les ensembles de flûtes de Pan). Certains des morceaux sont frappés par les trois musiciens avec dix tuyaux seulement, d’autres par deux musiciens prenant, selon le cas, en tout neuf ou dix tuyaux. Il est fréquent de voir trois femmes ou jeunes filles jouer ensemble (PI. V — 1). Les hommes aussi peuvent jouer ensemble, et nous avons même vu une fois un ensemble mixte : une mère et ses deux fils.
Chez les Kwaio nous avons enregistré deux musiciens avec des tuyaux plus grands que ceux des ‘Are’ are. Les bambous les plus longs étaient faits de deux ou trois sections internodales, le nœud étant percé à l’intérieur : le plus grand tuyau peut atteindre ainsi une longueur de 100 cm ou plus. L’un des musiciens tenait entre les orteils un tuyau (comme le soliste ‘are’are, cf. PL II-l), mais seulement deux tuyaux dans chaque main, les bambous étant trop gros pour qu’on puisse en prendre quatre dans la même main (PL V — 2).

L’échelle des dix tuyaux joués par les deux musiciens kwaio est penta- phonique (comme celle du même nombre de tuyaux frappés par un soliste ‘are’are) ; l’échelle des douze tuyaux joués par trois musiciens ‘are’are est hexaphonique : il manque un tuyau pour donner l’échelle équiheptaphonique complète.
Comme dans toute musique instrumentale à Malaita, le répertoire des petits bâtons de rythme comprend des morceaux ayant chacun un titre, se référant généralement au « programme » de la composition : chant d’oiseau, cri de mammifère, gémissements d’un malade, bruits de travail, etc. N’ayant jamais enregistré un ensemble de petits bâtons de rythme jusqu’à épuisement total du répertoire, nous ne pouvons pas donner avec précision le nombre de morceaux connus des musiciens. Mais on peut estimer que les meilleurs d’entre eux possèdent un répertoire de plusieurs dizaines de morceaux.

Joués seuls ou à plusieurs, les petits bâtons de rythme n’ont aucune valeur rituelle. Il ne faut aucune circonstance particulière pour sortir ces instruments dont la musique est surtout destinée à divertir les musiciens eux-mêmes, ce qui n’empêche pas d’en jouer aussi à l’occasion d’une grande fête où apparaissent les autres ensembles instrumentaux que nous allons décrire maintenant. »

Sources : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jso_0300-953x_1972_num_28_34_2352

FM

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