Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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LE ROSEAU GRAVÉ DU PAPE BENOÎT XIV

L’étude d’Auguste LAFORET, publiée dans la « Revue de Marseille et de Provence » de 1878, et intitulée « Le bâton, étude historique et littéraire », renferme une multitude d’informations sur les cannes et les bâtons envisagés sous tous leurs aspects.
Nous en extrairons ce passage (p. 522), relatif à un roseau gravé avec une maîtrise étonnante, qui fut offert au pape Benoît XIV (1675-1758), dont le pontificat s’exerça de 1740 à 1758.

« J’ai lu dans un opuscule publié en septembre 1871, à Bologne, sous la signature Guidicini, des détails très intéressants et très curieux sur un bâton de main ayant appartenu au pape Benoît XIV.
C’est le cas, ou jamais, de dire avec Ovide : « Materiam superabat opus » (le travail surpassait la matière). Un simple roseau de marais est devenu un objet d’art, d’une grande valeur, par le travail d’une main habile.
Ce roseau, d’une grosseur et d’une hauteur ordinaires, est divisé en quatre nœuds. Dans l’espace d’un nœud à l’autre, l’artiste a gravé au burin diverses configurations toutes différentes les unes des autres : le Christ, saint Pierre, saint Paul, saint Jean-Baptiste, saint Sébastien, puis des monuments, des paysages, des groupes d’anges, des festons, des guirlandes, figures et monuments reproduits d’après meilleurs tableaux de l’école italienne.

La poignée de cette canne est d’ivoire en forme de marteau et porte entaillées les armoiries de Benoît XIV.

L’auteur de l’opuscule en question fait remarquer qu’il n’y a pas à apprécier seulement la délicatesse, la netteté, le fini du travail, mais de plus, la difficulté qu’a présentée son exécution. Quelle adresse, quelle sûreté de main, quelle patience n’a-t-il pas fallu pour diriger le burin sur une pareille surface, fibreuse et sphérique, si peu résistante, sans que les filaments aient été écornés, sans que l’instrument ait jamais dévié dans les courbes à suivre, et qu’il ait, au contraire, conservé toujours exactement le même angle d’inclinaison.

Le nom de l’artiste auquel est dû ce merveilleux travail est resté inconnu jusqu’à ce jour ; M. Guidinici indique les sculpteurs de l’époque auxquels il peut être attribué, mais il ne se prononce pour aucun, et termine en disant que « considérant seulement l’œuvre, il regarde cette canne comme unique dans son genre et digne de l’admiration universelle. »

Qu’est devenue cette canne extraordinaire, véritable chef-d’œuvre ? Sommeille-t-elle quelque part au Vatican ? En tout cas elle existait encore en 1871, date à laquelle l’opuscule fut publié. En un siècle et demi, il peut se passer bien des évènements qui ont pu la faire disparaître, depuis le vol jusqu’à de mauvaises conditions de conservation, le roseau étant sensible à l’hygrométrie et aux insectes xylophages.

Article rédigé par Laurent Bastard, merci :)

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