Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
Bibliothèque de ressources historiques, culturelles, artistiques, litteraires, sportives…sur la canne et le bâton, en France et dans le monde…
BATON MASCULIN

N’ayons pas peur des mots… Il y a des bâtons anatomiques, virils, masculins et argotiques. Voici une glane des termes qui désignent le sexe de l’homme figurant sur le site www.russki-mat.net et son Argoji, argot français classique de 1827 à 1907. Cette compilation a été faite, notamment, à partir d’auteurs tel Alfred DELVAU (1825-1867) et son « Dictionnaire érotique moderne » (1864). Nous en avons sélectionné à notre tour que ce qui se rapporte au bâton et à ses formes voisines. De savoureuses citations accompagnent ces entrées…

« BATON (Delvau, 1864) : Le membre viril, à cause de ses fréquentes érections qui lui donnent la dureté du bois -dont on fait les cocus. Les femmes s’appuient si fort dessus qu’elles finissent par le casser.
« Vous connaissez, j’en suis certaine,
Derrière un petit bois touffu,
Dans le département de l’Aisne,
Le village de Confoutu.
Par suite d’un ancien usage
Qui remonte au premier humain,
Tout homme y fait pélerinage,
La gourde et le bâton en main. »
Eugène Vachette.

BATON (faire) (Delvau, 1864) : Bander.
« Le temps…où la première guenon venue qui me mettait la main dessus me f’sait faire bâton pendant quinze jours. » Lemercier de Neuville.

BATON A UN BOUT (Delvau, 1864) : le membre viril – le seul bâton qui n’ait qu’un bout, en effet.
« C’est le bâton à un bout qui me pend entre les jambes. » Rabelais

BATON DE SUCRE DE POMME (le) (Delvau, 1864) : le membre viril – à cause de sa forme, de sa longueur et du goût sucré qu’il a en fondant de plaisir dans la bouche de la femme qui le suce.
« Fillettes, qui mourez d’ennui
Et languissez dans la retraite,
Pour mieux dormir toute la nuit,
Il faut employer ma recette :
Si vous désirez un amant,
Si tout bas votre coeur le nomme,
A vos maux il faut un calmant…
Prenez bien vite, mon enfant,
Un bâton de sucre de pomme. »
Dumoulin-Darcy.

BATON PASTORAL (Delvau, 1864) : le membre viril – avec lequel nous conduisons des troupeaux de femmes au bonheur.
« Le simple maniement volontaire d’une main blanche et délicate qui se promène autour de leur bâton pastoral, est suffisant pour leur expliquer tous les mouvements du coeur de leur dame. » (Mililot) « Il lui montre son bâton pastoral tout rougeâtre et enflé » (Noël Du Fail).

BAGUETTE (Delvau, 1864) : le membre viril, avec lequel on mène les femmes qui ne sont pas sages en frappant sur leurs ventres comme sur un tambour.
« Dans un coin ell’tient les baguettes
Des deux tambours du régiment. »
Béranger.

ASTIQUER LA BAGUETTE (Delvau, 1864) : Branler un homme – le ventre de la femme servant de tambour à cette baguette-là, que nous savons tous manier aussi bien que les tapins de profession.
« Celle-ci, d’un tambour astiquait la baguette. » Louis Protat.

COUILLE EN BATON (de la) (Virmaître, 1894) : c’est une bêtise. Mot à mot : ce n’est rien (argot du peuple).

EMPOIGNER PAR LE MANCHE (Delvau, 1864) : se dit de l’action par laquelle une femme énamourée s’empare avec autorité du membre de l’homme qui est avec elle, et se l’introduit avec empressement dans le vagin.
« Je l’empoignai par le manche et le menai au pied du lit, où je me couchai à la renverse, l’attirant devant moi : je m’enconnai moi-même son vit dans mon con jusqu’aux gardes. » Mililot.

ETRE BIEN EMMANCHE (Delvau, 1864) : avoir un membre de conséquence, capable de contenter les femmes les plus difficiles.

PERCHE (Rossignol, 1901) : Priape. »

Il existe bien d’autres mots, le sujet ayant inspiré l’imagination la plus débridée. En voici quelques-uns découverts ici et là : la gaule (sexe masculin), avoir la gaule (bander), le gourdin, le bâton de chair, le bâton qui rend fou, le barreau de chaise, la matraque, la tige, la trique.

N’oublions pas non plus que le mot « verge », qui n’est pas argotique, est synonyme de baguette, et qu’il est à la base de cette contrépèterie classique : le vieux marchand vend de la serge…

L’illustration représente Panurge bien emmanché, et est extraite de la réédition des « Songes drôlatiques de Pantagruel » (1565).

Article rédigé par Laurent Bastard (non censuré :) /

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2 Comments to “BATON MASCULIN”

  1. Laurent BASTARD dit :

    Voici une nouvelle expression métaphorique pour désigner le sexe de l’homme. Elle se trouve dans la 80e nouvelle du recueil intitulé « Les Cent Nouvelles nouvelles », oeuvre anonyme écrite sous le règne de Louis XI, dont la première édition imprimée date de 1486.

    Messire Michault, le conteur de la nouvelle, a été mariée bien jeune et elle fait grise mine à son mari. Il l’interroge sur les raisons de sa froideur et elle lui répond (je modernise un peu le texte) : « elle lui dit qu’elle était déplaisante parce qu’il était petitement fourni de cela que vous savez, c’est à savoir du bâton de quoi on plante les hommes, comme dit Boccace. »

    Le « bâton avec lequel on plante les hommes » ! Que voilà une belle formule !
    Elle se trouverait donc sous la plume de l’écrivain italien Boccace (1313-1375), probablement dans son célèbre Décaméron.

    Toujours dans les « Cent nouvelles nouvelles », à la 92e, on rencontre une autre expression associée au bâton. Le conteur, Monseigneur de Lannoy, nous parle d’ « une bonne bourgeoise mariée, qui était de la confrérie de la houlette » (la houlette étant, comme on l’a déjà rencontré sur ce blog, un bâton particulier, propre aux bergers).

    En note, P. L. Jacob, le présentateur du l’édition de 1858, explique : « Dans ce temps-là, où chaque corps d’état se divisait en confréries, sous l’invocation de différents saints, on avait imaginé la confrérie de la Houlette pour les femmes galantes et débauchées. La houlette était le synonyme du Priape antique, et ce symbole devait servir de sceptre au houlier, hullarius, qui fut peut-être un berger avant d’être un ribaud. »

    On aura compris que le fait de brandir la houlette comme un bâton de confrérie faisait songer à cet autre bâton – viril- brandi par le dieu antique Priape.

  2. Laurent BASTARD dit :

    La comparaison du membre viril avec un bâton se rencontre encore (doublement) sous la plume d’Henry POULAILLE (1896-1980), le chef de file de la « littérature prolétarienne ».
    Dans son roman en partie autobiographique « Pain de soldat » (1937), il met en scène des soldats de la Grande Guerre dans un cabaret, à l’arrière du front. La serveuse, seule femme présente, réveille leur désir. Mots égrillards et mains baladeuses vont bon train. A un soldat qui essaie d’écrire à sa soeur, l’un dit (p. 279) :
     » – Dis-lui à ta soeur, al’ doit êt’ gironde, ta soeur ! qu’a peut v’nir ici, qu’on la r’cevra bien. Ah ! vingt dieux, je t’lui apprendrai comment… criait Zeller.
    - Comment quoi ? hurla Michel, taisez vos gueules avec vos histoires de femmes. J’ai d’jà une trique droite comme un bâton d’sergent-major. »

    Deux expressions liées au bâton pour le prix d’une : trique et bâton de sergent-major !

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