Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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LES FLAMBARTS DE DREUX

La revue Le Magasin pittoresque de septembre 1860, p. 286-287, a consacré un article à l’ancienne procession des flambarts de Dreux, qui prit fin à la Révolution. Comme le flambart est à classer parmi les sortes de bâtons, nous donnons de larges extraits de cet article :

« La procession des flambarts, dont l’origine très ancienne est inconnue, s’est continuée à Dreux jusqu’en 1790, malgré les efforts des intendants généraux pour abolir cette coutume où ils voyaient un danger incessant pour la sécurité de la ville. Dès 1723, après l’incendie si effroyable de la presque totalité de Châteaudun, un arrêté avait été rendu interdisant les flambarts et portant défense à toute personne d’en porter à l’avenir, sous peine d’amende et d’emprisonnement. L’autorité ecclésiastique fit cause commune avec l’autorité civile et du haut des chaires des églises furent lancés plusieurs fois des blâmes sévères contre les sectateurs de cet ancien usage. Mais rien ne put vaincre l’obstination des habitants : ils furent insensibles aux amendes de l’intendant aussi bien qu’aux sermons de leurs curés ; chaque année vit croître le nombre des délinquants : bientôt les magistrats de la ville eux-mêmes se mirent à la tête des contrevenants, et force fut de laisser tomber en désuétude l’arrêté sévère de 1723.

Le flambart était un brin de chêne long de cinq à six pieds, fendu en plusieurs éclats par le gros bout : on ne peut mieux le comparer qu’à une lardoire. Quand il était fendu, on le faisait sécher au four pour le rendre plus combustible.

Le jour de la cérémonie, qui était toujours la veille de Noël, à cinq heures précises du soir, toutes les personnes qui voulaient prendre part à la fête, hommes, femmes, filles et garçons d’un âge raisonnable, de tout état, de toutes conditions, s’assemblaient par quartier. Au premier son de la grosse cloche de l’hôtel de ville, signal ordinaire, ils allumaient leurs flambarts, les mettaient sur l’épaule, comme on porte un fusil, et partaient tous en rang et en bon ordre, accompagnés de tambours, violons et autres instruments, pour se rendre dans la grande rue. Quand ils y étaient tous arrivés des divers points de la ville, ils se rangeaient de nouveau par ordre et par état ; les violons et les tambours s’échelonnaient de distance en distance ; au centre du cortège se plaçaient des jeunes gens vêtus de blanc, portant des crèches sur des brancards ; puis la procession se mettait en marche. On faisait trois fois le tour de la halle en chantant : Noël ! Noël ! Noël ! De là on se rendait à l’église Saint-Pierre dont on faisait le tour une seule fois ; après quoi tous les flambarts étaient déposés en un monceau devant le grand portail de l’église, où l’on chantait l’hymne de Noël : Veni, redemptor gentium ; et, lorsque la dernière flamme était éteinte, chacun retournait tranquillement dans sa demeure. »

L’auteur s’interroge ensuite sur l’origine de cette « étrange cérémonie » et rapporte que, selon un document de 1751, on pensait qu’il s’agissait d’un substitut chrétien à une pratique druidique. Les druides, acceptant la nouvelle religion, auraient porté des flambarts de chêne au lieu de rameaux de gui.

Une représentation de cette procession figurait, paraît-il, sur l’une des cloches de l’hôtel de ville de Dreux, fondue en 1561. Cassée en 1838, on prit cependant le soin de mouler la procession et le moulage en plâtre était conservé (en 1861) dans la salle de la bibliothèque de la ville de Dreux. Y est-il encore ?

Article rédigé par Laurent Bastard, merci :)

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