Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
Bibliothèque de ressources historiques, culturelles, artistiques, litteraires, sportives…sur la canne et le bâton, en France et dans le monde…
LE SCHWARTZMAN ET SON ENORME BATON

Dans le magazine « Nos loisirs » du 29 septembre 1907 figure une nouvelle signée Georges CASELLA, mettant en scène un bandit redouté des Alpes (en Suisse probablement).

« C’était une chose extraordinaire, en vérité, que l’apparition d’un bandit en ce village calme des Alpes. Cependant on l’avait vu plusieurs fois, et certains paysans dévalisés par lui revenaient de la montagne avec des faces terrifiées. C’était, contait-on, un homme tout noir qui surgissait au détour des des sentiers perdus et qui maniait un bâton énorme. Vingt personnes lui laissèrent l’argent qu’elles rapportaient du marché de Melstadt. Car il fallait traverser une étroite vallée entre deux monstres ventrus dont les sommets gardaient la neige, et c’était ce défilé que surveillait le conquérant terrible surnommé Schwartzman à cause de son masque d’ombre. Il ne parlait pas, mais poussait de grands cris, et, tel un démon, jaillissait d’un massif de pins. On lui lançait le sac ou la bourse et l’on se sauvait vers la ville ».

« Gotfried, le gendarme, n’avait cessé de hurler le soir, au cabaret, qu’il ramènerait le Schwartzman ligoté. On l’aperçut des nuits entières, le fusil sur l’épaule, en faction, et, fait étrange, ces nuits-là, l’Homme Noir se terrait dans quelque trou invisible. « Il a peur, affirmait Gotfried, son bâton ne tient pas devant mon fusil ! ».

Un jour, le gendarme ayant rencontré une vieille femme, la mère Jernett, qui allait vendre ses chèvres au marché, il la rassura et lui prêta même son revolver au cas où elle rencontrerait le Schwartzman. Mais entre temps, elle croise deux autres gendarmes qui venaient d’être envoyés en renfort. Ceux-ci examinent l’arme, qui s’avère vide. Ils pensent que Gotfried a oublié de la charger et y placent deux balles, au cas où elle ferait une mauvaise rencontre.

C’est ce qui se produit dans la soirée, lorsque la mère Jernett rentre chez elle. Le Schwartzman se poste devant elle. « C’était un être bizarre, massif, trapu, large d’épaules. Il s’appuyait sur un bâton noueux. ». La mère Jernett ne se démonte pas et tire avec l’arme prêtée par Gotfried.
Au bruit de la détonation, les deux autres gendarmes accourent et se saisissent du Schwartzman. Et ils découvrent qu’il s’agissait du gendarme Gotfried, qui détroussait impunément les habitants depuis des mois, car personne ne pouvait se douter qu’il s’agissait de lui… Il s’était bien gardé de charger le revolver qu’il avait confié à la mère Jernet…

Article rédigé par Laurent Bastard, merci :)

Tags:

Leave a Reply