Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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UN BATONNISTE PEUT-IL PARER UNE BALLE DE FUSIL ?

Une entrée « bâtonniste » figure dans l’ « Encyclopédie catholique, répertoire universel et raisonné des sciences, des lettres, des arts et des sciences », publiée sous la direction de l’abbé GLAIRE et du vicomte WALSH (volume III, 1841). On y découvre que les bâtonnistes passaient pour des hommes prodigieusement habiles !

« BATONNISTE. On donne ce nom à ceux qui, à force d’exercice, sont parvenus à jouer du bâton avec tant d’adresse, de force et de vivacité, qu’ils s’en font une arme défensive derrière laquelle ils peuvent braver un coup d’épée ou de sabre, et en même temps une arme offensive très dangereuse.
Il ne s’agit pas ici de ces bâtons ferrés par les deux bouts, qui ont servi autrefois à la guerre, et qu’on employait tantôt comme lance, tantôt comme massue ; il est question seulement d’un bâton fort et noueux, passablement pesant, que le bâtonniste fait tourner rapidement autour de son corps, dont on dirait qu’il s’enveloppe ou qu’il se couvre d’un impénétrable bouclier.

Le bâton à deux bouts, regardé comme une arme suspecte, avait été défendu par plusieurs règlements de police ; cela n’a pas empêché les maîtres bâtonnistes de venir enseigner leur art jusque dans Paris, et y tenir école ouverte de la science du jeu de bâton à deux bouts, comme on y voit des tirs au pistolet et des maîtres d’escrime, quoique le port d’armes soit défendu, et que le pistolet qu’on peut apporter dans ses poches soit une arme tout aussi dangereuse que le bâton ferré.

Nous avons entendu dire qu’un bâtonniste habile pouvait se défendre avec avantage d’un homme armé d’une épée, d’un soldat armé de son fusil la baïonnette au bout, et même de plusieurs soldats. Pour que l’exagération fût complète, on nous a dit très positivement qu’un bâtonniste faisant le moulinet devant lui parerait de son bâton une balle de fusil. Nous n’en croyons rien ; une balle lancée avec la main, une pierre, cela se peut ; mais une balle sortant d’un fusil ? C’est un peu trop fort. Il ne serait pas impossible que, dans un de ses mouvements circulaires, la balle rencontrât le bâton, mais le contraire est beaucoup plus probable ; la balle d’ailleurs ne briserait-elle pas le bâton ? Nous ne conseillerions à aucun bâtonniste de tenter la périlleuse épreuve. »

Article rédigé par Laurent Bastard. Merci :idea:

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