Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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LES BATONS FERRES ET A VIS DU BOTANISTE
Categories: Bâton comme outil

L’intérêt pour l’histoire naturelle n’a cessé de se développer depuis le milieu du XVIIIe siècle. Cessant d’être le priviliège de distingués savants, il s’est répandu auprès de toutes sortes de personnes au XIXe siècle. La botanique notamment, a passionné des écrivains (Alphonse Karr – encore lui !), des prêtres, des médecins, des notaires, des instituteurs et les membres des sociétés savantes de province. D’où un grand nombre de livres à leur usage, pour cueillir, traiter en herbiers et identifier les plantes.

C’est de l’un de ces manuels que nous extrayons les passages qui suivent, car ils concernent des cannes-outils d’un genre particulier. Il s’agit du « Guide du botaniste herborisant ; conseils sur la récolte des plantes », de Bernard VERLOT, publié à Paris chez Baillière et fils, en 1865.
Page 30, au chapitre des « objets indispensables à la récolte » figure la HOULETTE. Nous l’avons déjà rencontrée comme bâton propre aux bergers, mais ce n’est pas tant l’ensemble manche-outil qui est ici désigné, mais seulement sa partie métallique :

« C’est un morceau de fer ou d’acier offrant à sa partie inférieure une lame plus ou moins ovale-aiguë, tranchante à son extrémité et sur ses bords, présentant le plus souvent une arête de renforcement sur sa ligne médiane et se terminant en haut par une douille à laquelle vient s’adapter un manche. (…) Le manche doit être solidement fixé à la douille et en bois dur et élastique présentant en même temps une certaine flexibilité, par exemple de l’aubépine ou du houx, le frêne ou le cornouiller. Sa longueur est variable, cependant l’instrument tout emmanché ne doit pas excéder 1m 20, et est le plus souvent inférieur.
Il existe des houlettes à manche mobile, dans lesquelles le manche en forme de canne est terminé par un pas de vis auquel on adapte à volonté un fer de lance ou une petite pioche et, quand la récolte est terminée, une sorte de boulon de fer.
On peut ainsi faire de cette canne à vis un instrument à deux fins en substituant selon les circonstances au fer de la houlette un petit piochon en fer ou en acier qui comme lui est muni d’un pas de vis.
Cet instrument est peut-être plus élégant que le précédent ; il est aussi plus commode en ce sens que, l’herborisation terminée, on peut séparer l’instrument de son manche et employer ce dernier en guise de canne. »

Un peu plus loin, p. 34-35, B. Verlot nous parle du BATON FERRE : « Tout le monde connaît le long bâton ferré dont se servent les touristes dans nos montagnes. Nous le considérons pour le botaniste comme étant plus embarrassant que nécessaire^, même dans les Alpes, où il est arrêté à chaque instant par la nécessité de la récolte.
Cependant, il peut être parfois utile soit pour se procurer les espèces rupicoles ( = qui vivent sur les rochers) auxquelles on ne pourrait atteindre sans lui, soit, mais seulement aux personnes qui en ont l’expérience, pour opérer le passage des endroits difficiles, tels que ravins, torrents, pentes abruptes ou escarpées, glaciers, etc. (…)

Il peut arriver aussi qu’un botaniste s’aventurant seul dans un pays sauvage ou dans les lieux éloignés de toute habitation, rencontre quelques animaux dangereux, par exemple des chiens de berger ; le bâton peut alors lui fournir une arme précieuse.
Dans les herborisations de plaines, le bâton ferré du touriste serait sans utilité. Le seul qu’on emploie est une canne ordinaire, résistante, qui peut être munie d’un pas de vis destiné à recevoir soit une houlette, un piochon, ou les instruments suivants : croissant, râteau, crochet, échenilloir, etc. »

En 1942, A. GUILLAUMIN, dans le « Formulaire technique du botaniste préparateur et voyageur » (Ed. Lechevalier) décrivait à son tour les différentes sortes de piochons utilisés pour extraire les plantes du sol et signalait le piochon Deyrolle qui « consiste en une sorte de houlette articulée dont la lame peut se placer dans le prolongement du manche, à angle droit avec lui ou se replier contre ». Et il ajoutait que « les piochons peuvent se porter à la ceinture dans une gaine de cuir, ceux à long manche peuvent servir de canne. »

Article rédigé par Laurent Bastard. Merci :)

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